Edith Giovanna Gassion nait le 19 décembre 1915 à Paris. Sa mère l’abandonne et tout bébé, elle passe presque deux ans auprès d’une grand-mère miséreuse qui prend très peu soin d’elle. Elle est ensuite confiée à son autre grand-mère, tenancière de bordel, qui l’élèvera dans un univers un peu plus féminin. Mais elle part sur les routes avec son père à l’âge de 8 ans, se produisant dans des cabarets minables. Il fait chanter sa fille à la voix d’or, surnommée la môme Piaf, pour récolter quelques deniers. A 13 ans, elle s’émancipe de la figure paternelle pour partir dans les rues avec son amie Momone, tombe amoureuse d’un jeune homme, Louis, accouche d’une fille, Marcelle, à 18 ans à peine qui mourra deux ans plus tard. Elle continue de chanter au coin des rues et finit par être remarquée par ceux qui font le music-hall de l’époque.
Sa voix exceptionnelle et son parcours d’enfant de la balle émeut, elle chante avec ses tripes, Mon légionnaire, Milord, les succès s’enchainent rapidement. En 1937 elle est une vedette estimée et reconnue, elle devient la voix de la chanson française y compris à l’étranger. Elle triomphe dans les plus grandes capitales, et accumule les aventures avec des artistes du moment, de Paul Meurisse à Yves Montand. En 1946 elle écrit la Vie en Rose, qu’elle chantera deux ans plus tard lors de sa tournée américaine. Au cabaret le Versailles, à New York, Marcel Cerdan est présent en ce 14 janvier 1948. Il est venu applaudir sa compatriote après ses derniers combats de boxe qui ont fait de lui un champion de France et d’Europe. Cerdan est marié et père de 4 enfants. Ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre, s’affichant au grand jour et faisant finalement fi des conventions. Inspirée par sa passion, elle écrit pour lui l’hymne à l’amour. Ils vivront deux ans d’intense fascination, de retrouvailles en voyages, d’escapades en séparations, pour leurs obligations respectives, mais aussi parce que Marcel rentre en son foyer.
Il est né en Algérie française le 22 juillet 1916, avant que toute la famille ne parte s’installer au Maroc. Après une enfance modeste, il rentre en France et se distingue rapidement sur les rings où il est surnommé le bombardier marocain. Il terrasse tous ses adversaires et accumule les performances. Lorsqu’il rencontre Piaf il est au sommet de sa gloire. Comme elle, il se produit aux États-Unis, incarnant le rêve américain pour la plupart des sportifs et des artistes. Leur idylle est vite reprise en boucle par les médias, et personne n’y voit vraiment de scandale, même s’il est marié, tant l’amour interpelle et fait rêver. Suspendue en plein vol, leur passion se termine tragiquement le 27 octobre 1949. Alors qu’Edith le supplie de venir la rejoindre à New York où ils aiment toujours à se retrouver, il manque de rater son avion, dans lequel il n’y a plus de places. Un couple lui cède alors les siennes. Mais l’avion se crache aux Açores et Cerdan meurt. Piaf est anéantie. Sa santé décline, elle prend de plus en plus de morphine. Elle prend en charge financièrement les enfants et la femme de Cerdan, les installant dans un hôtel particulier à Paris, pour conserver un peu de sa présence auprès d’elle. Elle collectionnera les amants et se mariera en 1952 avec le chanteur Jacques Pills dont elle divorcera, mais son âme restera à jamais attachée à celle de Cerdan.
Elle boit de plus en plus, pour oublier ses maux physiques comme la polyarthrite qui la ronge et sa douleur morale. Dépendante à la morphine, elle s’écroule en plein concert, subit maintes opérations, se remarie avec un très jeune homme Théo Sarapo, et meurt le 10 octobre 1963 à 47 ans d’une rupture d’anévrisme. Son grand ami Cocteau disait d’elle « je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres ».
Piaf et Cerdan ont vécu une passion fulgurante qui a laissé son empreinte indélébile dans le répertoire de la chanson française.