Gala, de son vrai nom Elena Ivanovna Diakonova, naît en 1894 à Kazan, en Russie. Elle grandit à Moscou et reçoit une excellente éducation qui lui promet une carrière d’institutrice. Mais à l’âge de 18 ans, sa tuberculose s’aggrave et elle part en Suisse, au sanatorium de Clavadel. Elle y rencontre un certain Eugène Grindel, connu sous le nom beaucoup plus romantique de Paul Eluard, et le goût de la lecture et de la poésie les rapproche. En 1914, guéris et fiancés, ils quittent le sanatorium. Gala rentre en Russie et Paul part au front. Ils se marient enfin en 1917 et Gala donne naissance à leur fille, Cécile. Le couple fréquente le milieu des surréalistes, Breton, Aragon, mais aussi Max Ernst avec qui Gala a une relation de deux ans, inspiratrice, il la peint ainsi sur de nombreux tableaux. Et puis elle rencontre Dali en 1929, qui révèle plus que tous les autres son fabuleux talent de muse.
Salvador Dali naît en 1904 à Figueres en Espagne. Il grandit dans l’ombre obsédante de son frère décédé à l’âge de 7 ans, et dont il porte le prénom. Très vite son intérêt pour la peinture se développe stimulé par un environnement artistique. À l’âge de 14 ans, il expose déjà ses toiles dans sa ville natale. Il rentre aux Beaux Arts de Madrid en 1921 et s’intéresse vite au mouvement surréaliste. Ses thèmes de prédilection sont la mort et l’érotisme. Provocateur et extravagant il se crée un personnage de peintre dérangé. Ami de Picasso, de Miro il s’entoure d’une cour d’artistes. En 1929, lors de vacances chez lui à Cadaqués, il est rejoint par une partie du groupe des surréalistes. Dont Eluard et son épouse. Dali tombe immédiatement amoureux de cette femme, icône libre des temps modernes. Il en fait son héroïne, se fâchant avec une partie de sa famille à cause de sa liaison.
Dès lors, leur vie est liée. Gala quitte Eluard et ils se marient en 1932. Le temps des vaches maigres ne dure guère et Dali est vite reconnu et prisé dans le monde de la peinture et des surréalistes. Gala est sa meilleure ambassadrice, connue et respectée dans ce monde d’intellectuels. C’est l’époque des rencontres enrichissantes, le couple brillant reçoit et est convié. Toutes ces connaissances sont source d’inspiration pour Dali de Freud, à Chanel. En 1939 exclu du mouvement surréaliste pour ses propos sur Hitler et franco, le couple s’exile à New York. Dali en profite alors pour diversifier ses talents, cinéma, création de bijoux, décors de théâtre.
Dali et Gala rentrent enfin d’exil en 1948 et s’installent en Espagne, partageant leur vie entre les instants de création intense et les escapades médiatiques à Paris, New York ou Rome. Ils ne se quittent jamais.
Leur amour exclusif est la clé artistique de Dali. Gala, femme de caractère et amoureuse, est son amante, sa muse et son agent. Elle sait se faire discrète et laisse son époux sur le devant de la scène y compris lorsque son excentricité donne lieu a quelques débordements. Elle veille sur lui quel que soit le contexte. Elle pose inlassablement pour lui qui la peint sous toutes les coutures. Parfois de violentes disputes éclatent, passionnés comme ils savent l’être, mais rien ne les sépare jamais. Il se dit que toute sa vie, Dali lui resta fidèle même si elle connaît quelques aventures, éternelle séductrice.
Gala meurt le 10 juin 1982 dans leur maison, auprès de lui. Affecté et désespéré par l’absence de son inspiratrice de toujours, il finit par s’éteindre en 1989, mettant en scène sa dépouille, comme le trublion génial qu’il a toujours été.
Leur histoire d’amour a marqué l’époque des surréalistes. Où comment une seule femme a su, par sa personnalité et le don de soi propre aux muses, tenir près d’elle et nourrir artistiquement toute une vie le plus déjanté des peintres.