Romantiques et désespérés ils incarnent l’exaltation de l’amour. Alfred de Musset naît en 1810 à Paris dans un milieu bourgeois cultivé et aisé. Doué d’une intelligence hors du commun et d’une vivacité d’esprit, il se tourne vers des études de droit puis de médecine après une adolescence de dandy. Mais seule la littérature romantique l’intéresse et il délaisse très vite ses études. Il fréquente dès 1928 le Cénacle romantique devenant l’ami de Vigny, Hugo, et de Mérimée. Il ne cesse d’écrire et il devient très vite le prodige du romantisme. Son premier recueil de vers connaît un succès fulgurant et il mène alors une vie de débauche rocambolesque. Ses pièces de théâtre ne connaissent pas l’engouement qu’il espère, mais il en garde un goût pour la comédie et la mise en scène. Séducteur invétéré, coureur de jupons, il rencontre Georges Sand, en juin 1933 au cours d’un dîner. La belle scandaleuse l’attire violemment et leur relation portera l’empreinte de l’éternelle valse de leur passion destructrice.
Georges Sand, de son vrai nom Aurore Dupin naît en 1804 à Paris. Orpheline à 5 ans, elle est élevée par sa grand-mère paternelle. Elle reçoit ainsi une éducation à la fois aristocratique et paysanne dans l’Indre et la campagne restera sa principale source d’inspiration. Elle se marie en 1822 au Baron Dudevant, plus pour échapper à la foule de ses prétendants intéressés par sa fortune personnelle que par amour. Elle lui fait cependant deux enfants, Maurice et Solange. Mais en 1822, elle le quitte pour suivre à Paris son jeune amant de l’époque. Grande séductrice, elle écrit dans le Figaro magazine, et signe d’un pseudonyme masculin Georges Sand. Elle fréquente Latouche, Balzac, Monnier et Sandeau, avec qui elle partage une liaison et un roman. Elle publie ses premiers romans et revendique pour les femmes le droit à la passion, à la liberté. Elle s’habille en homme ce qui lui confère le droit de pénétrer en des lieux interdits, et n’a que faire des conventions et des préjugés sociaux. À 29 ans, elle rencontre Alfred de Musset.
Leur amour est sulfureux et ils découvrent les affres de la passion. Ces deux génies de l’écriture, au bord de la poésie, habitués à décortiquer et coucher sur du papier leurs sentiments et sensations, s’affrontent et s’aiment désespérément. Ils passent quelques mois à Paris, échangeant textes, dessins et idées. Puis ils partent pour Venise à Noel 1833 et s’installent à l’hôtel Danieli qui abrite leurs dérives. Musset passe ses nuits dans les bordels et les cabarets avant de contracter une fièvre cérébrale. Georges Sand a une liaison avec le jeune médecin de Musset, Pagello. Les deux amants le veillent et le soignent. Lorsqu’il est guéri, Musset rentre à Paris. La rupture semble consommée, mais très vite Sand rentre dans la capitale accompagnée de son jeune amant. Le trio se lie, se fait et se défait. La correspondance entre Musset et Sand ne cesse jamais, témoin de leur passion. Pagello éconduit rentre en Italie, abandonnant les amants terribles. Ils se réconcilient, se déchirent, se séparent. Georges Sand se coupe les cheveux et lui envoie. Sans cesse, des scènes effroyables se succèdent les laissant détruits. En 1835, ils se quittent enfin, anéantis. Leur œuvre, et particulièrement celle de Musset garde l’empreinte de la profondeur dramatique de leur relation. Il publie Lorenzaccio son œuvre phare.
Musset s’apaise et redevient le coureur de jupons de sa jeunesse. Mais il est marqué au fer rouge par sa relation exacerbée avec Sand. Malade, et alcoolique, souffrant de crises de nerfs, de pleurésie et du cœur, il collectionne les aventures moins torturées et paraît enfin heureux. À la mort de Musset en 1857, Georges Sand, se rappelle les passions du passé dans deux livres qu’elle publie «Histoire de ma vie» et «Elle et Lui». Sa vie d’amoureuse a pris alors une tournure plus calme même si elle collectionne les amants célèbres dont le musicien Fréderic Chopin, et s’entoure toujours de jeunes gens. Elle meurt en 1876.
La correspondance de Musset et Sand offre la plus belle collection de lettres d’amour passionnées jamais écrites.
Toi qui me l’as appris tu ne t’en souviens plus de tout ce que mon cœur renfermait de tendresse…