Auguste Rodin nait le 12 novembre 1840 à Paris dans une famille modeste. Élève affecté par une grave myopie, il passe la plupart de ses heures de cours à griffonner sur le papier. C’est tout naturellement qu’il intègre donc à 14 ans une école de dessin et d’arts plastiques. Fasciné par le travail de la glaise, il se passionne de plus en plus pour la sculpture, visitant régulièrement le Musée du Louvre et courant les expositions parisiennes pour s’initier. Il possède une sensibilité particulière pour percevoir la finesse des œuvres, et ne tarde pas à se lancer lui-même dans la création, encouragé par ses professeurs. Tout en produisant ses premières œuvres personnelles et il poursuit en parallèle un travail plus alimentaire d’ornementiste auprès du décorateur Carrier-Belleuse. Il s’attèle pendant 18 mois à sa première création, l’Âge d’airain, qui le consacrera. Viendront ensuite le Saint Jean Baptiste, d’immenses fresques comme les Bourgeois de Calais et bien d’autres, qui lui permettront de côtoyer tel un ténor en son domaine, des personnalités artistiques, politiques, intellectuelles. Depuis 1864 il vit avec Rose Beuret, une femme discrète qui restera à ses côtés toute sa vie malgré ses nombreuses frasques adultères. En 1883, une de ses jeunes élèves Camille Claudel, alors âgé de 19 ans devient sa muse, sa maitresse, partageant sa couche et son atelier dans une relation tumultueuse qui durera plus de 15 ans.
Camille Claudel nait le 8 décembre 1864 à Fère en Tardenois, elle est la sœur du poète et dramaturge Paul Claudel. Élevée dans une famille assez stricte, elle est déjà très productive en sculpture, soutenue seulement par son père dans sa démarche. Elle entraine toute la famille à Paris, afin de suivre les cours des meilleurs maitres du moment à la célèbre Académie Colarossi. En 1882, elle ouvre son propre atelier avec quelques autres femmes sculpteurs. Elle suit ensuite le cursus d’Alfred Bourget pour continuer à se perfectionner tout en faisant preuve déjà d’une belle indépendance artistique. C’est ici qu’elle rencontre Auguste Rodin. Il est très impressionné par son talent et les œuvres qu’elle produit, notamment celle qui représente sa sœur Hélène et son frère Paul. Ils tombent fous amoureux l’un de l’autre. Elle devient son modèle et participe avec lui à la fabrication de nombreuses sculptures et fresques comme celle des Bourgeois de Calais. S’il se pose en protecteur c’est pourtant elle qui le conseille en bien des points, tandis qu’il est ébloui par ses performances, lui qui a du apprendre plus longuement. Leur union est intimement liée à cette passion commune de la sculpture qui anime toutes leurs discussions, leurs journées et leurs nuits. Ils se complètent et chacun y gagne en donnant un nouveau souffle à sa manière de sculpter. Mais Camille est de plus en plus exigeante et exclusive. Elle souhaite qu’il quitte Rose la douce. Elle tombe enceinte de nombreuses fois et doit avorter, pression éducative oblige. Il l’aime à la folie, mais c’est elle qui en paiera le prix fort. Une jalousie féroce la ronge, tandis qu’elle termine son chef-d’œuvre, l’Âge mûr, qui raconte son amour désespéré, après avoir conçu La Jeune Fille à la gerbe, Sakoutala, et autres sculptures plébiscitées par un public averti.
Elle se sent abandonnée, malgré de nombreux mécènes et admirateurs qui croient en son art et la soutiennent. Petit à petit elle va s’enfoncer dans une misère financière et sentimentale. Ainsi lorsqu’elle rompt avec Rodin au début des années 1900 elle tente de se libérer de son joug, mais s’enferme petit à petit dans une solitude et une paranoïa qui finit par la faire interner en 1913. C’est sa mère, qui n’a jamais approuvé sa façon de vivre, qui signe l’ordre de ce placement, tandis que son père, qui l’a toujours soutenu vient de mourir. Diagnostiquée démente, elle restera internée 30 ans, jusqu’à sa mort, le 19 octobre 1943.
Rodin est mort le 17 novembre 1917, après avoir enfin épousé Rose, et tout en jurant n’avoir au fond, aimé qu’une seule personne, Camille.