Car le rouge est la couleur du sang, celui qui circule dans nos veines, celui que l’on verse, et que l’homme répand dans des combats plus ou moins honorables. Ce sang, source de vie sacrée, palpite en nous tout comme l’amour auquel il a offert son éclat.
Mais attention, car le rouge est aussi la couleur de la tentation, voire de l’enfer et du diable. L’amour ne s’avère-t-il pas être, dans l’une de ses plus terribles expressions, un territoire où l’on peut se consumer et mourir ? La conjugaison des émotions et des sentiments propres à l’amour se dévoile forcément en rouge.
Bien avant que la St Valentin soit la fête qu’elle est aujourd’hui, le rouge exprimait les affres et les stigmates de l’amour, de l’exacerbation des ressentis. On peut être rouge de colère, rouge de timidité, rouge de désir, et tant d’autres rouges encore. Il n’est pas seulement le sang il est aussi la couleur du feu, de la flamme, de l’intensité.
Les femmes le portent sur les lèvres pour attiser la passion, les hommes l’offrent dans d’immenses bouquets de roses. Le rouge est clinquant, quelquefois insolite, surprenant. Il est la couleur du théâtre, des grandes envolées lyriques et des étoffes froissées. Il est aussi celle des maisons closes, de la prostitution, de la luxure. Il se porte en petites touches, mais sait aussi se faire très provocant. Il embrase et embrasse tout simplement la vie. Par le sang, l’homme a toujours été au contact intime avec cette couleur, alors qu’il lui fallut plus de temps pour en découvrir d’autres. Le rouge est essentiel et évident, tout comme l’amour, tout comme le cœur qu’il affiche de cette teinte sanguinolente, à nulle autre pareille.
De fil en aiguille, tout s’est organisé autour de la représentation de cet organe, faisant porter au rouge la symbolique et les valeurs de l’amour. Ce qui trouble dans le rouge c’est qu’il n’est pas seulement l’amour. Il est aussi l’érotisme, la sensualité. Il se porte en lingerie coquine, quand on attend de lui autre chose que ce qu’il est censé offrir sous la forme d’un bouquet. Le rouge est tout sauf sage, ni mièvre. Il laisse cela au rose, qui est l’un de ses plus doux dérivés. Le rouge éclate, se montre, ne sait jamais passer inaperçu. Ailleurs, il incarne le péché, l’interdit, la révolte, le pouvoir, affiché sur les drapeaux de nombreuses nations et partis politiques.
Une couleur charismatique, dédiée à tout ce qui bouscule, et dieu sait combien l’amour bouscule.
Une couleur originelle, ardente, vigoureuse, généreuse, mais aussi secrète. Dans de nombreuses cultures le rouge est associé aux festivités du renouveau et par conséquent aux mariages et aux naissances. Ce qui ressort le plus de toutes les analyses que l’on a édifiées sur le rouge, c’est son extrême ambivalence. Une complexité qui lui permet de traverser les siècles en s’affirmant dans tel ou tel domaine, mais en brandissant toujours le spectre de l’amour. Une dualité qui fait sa force et son identité.
« Celui qui veut unir dans un accord mystique, l’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, ne chauffera jamais son corps paralytique à ce rouge soleil que l’on nomme l’amour ». Baudelaire
