Pour avoir goûté à cette pomme, le couple originel fut chassé du paradis et dut affronter les turpitudes de la vie terrestre. Depuis lors, la pomme est associée à tout ce qui à trait à la tentation, au désir, à la convoitise.
De cette légende en naquirent une grande quantité d’autres, tandis que les artistes et autres poètes s’emparaient du phénomène pour le mettre en scène dans leurs œuvres. C’est aussi par l’art et le folklore, que la pomme s’inscrivit dans la mémoire collective comme la possibilité pour l’humble humain de faillir.
Les mythes grecs font de la pomme une offrande d’amour, créée par Dionysos pour séduire la sublime Aphrodite qui se refusait à lui. Les érotes, qui font partie de sa garde rapprochée, sont souvent représentés en train de cueillir des pommes ou de jouer avec. Quant au Jardin des Hespérides, il abrite les pommes d’or issues du mariage de Zeus et d’Héra.
Ici la pomme récompense la beauté. Mortelles et Olympiennes se disputent sans cesse le droit de les posséder. Les pommes n’en finissent pas de causer des ennuis au cœur du Panthéon. C’est ainsi que vexée de ne pas avoir été invitée aux noces de Pelée et Thétis, Eris la Déesse de la Discorde, jette le trouble par le biais d’une pomme qu’elle destine à « la plus belle » d’entre toutes les convives. Présentes au banquet, Héra, Athéna et Aphrodite, pensent chacune que ce fruit sacré leur est destiné. Pour les départager, Zeus est obligé de nommer Paris, le jeune prince troyen, que toutes essaient d’amadouer. Mais il choisit de designer Aphrodite, car elle lui a promis l’amour de la plus belle femme du monde, en l’occurrence la magnifique Hélène. Un choix qui provoquera la Guerre de Troie.
Au fil du temps et des coutumes, la pomme endosse de plus en plus ce rôle, suggérant parfois l’érotisme, l’invitation au vertige amoureux, la sensualité. Il n’est pas rare qu’on compare les seins des femmes à deux pommes, suggérant la nudité et le désir. En outre avec toutes ces connotations liées aux penchants charnels, elle est utilisée pour concocter toutes sortes de potions magiques aux vertus aphrodisiaques. Croquer la pomme ne signifie-t-il pas s’adonner à l’acte d’amour ? Décidément ce fruit, surtout sa variété la plus rouge, enferme dans sa chair bien de promesses d’aventures.
Les contes pour enfants ne sont pas en reste, puisque la pomme y apparaît aussi au centre des préoccupations. C’est le cas dans Blanche Neige où la sorcière jalouse de ne pas être la plus belle, se rend dans la maison des 7 nains où s’affaire la jeune fille, déguisée en marchande. Elle lui offre une pomme toute ronde, mais qu’elle a empoisonné. Bien évidemment Blanche Neige, l’innocente s’empresse de croquer dedans. Elle tombe dans un profond sommeil, et ses hôtes sont si tristes qu’ils l’exposent dans la forêt, dans un cercueil de verre pour que tous admirent sa beauté. Un prince passant par là s’empressera de la réveiller d’un baiser.
C’est ainsi que dès l’enfance, la pomme est associée à la tentation et à l’amour, car si l’on tombe à cause d’elle, il est possible de se relever grâce au bonheur d’être aimé.
